Créer son EURL : la liste des documents à rassembler

La création d’une Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée représente un projet entrepreneurial majeur qui nécessite une préparation minutieuse et méthodique. Cette forme juridique, particulièrement prisée par les entrepreneurs individuels souhaitant protéger leur patrimoine personnel, implique la constitution d’un dossier administratif complet et conforme aux exigences légales. La réussite de votre immatriculation au Registre du Commerce et des Sociétés dépend directement de la qualité et de l’exhaustivité des documents que vous fournirez au Centre de Formalités des Entreprises.

Une préparation rigoureuse des pièces justificatives constitue la pierre angulaire d’une création d’entreprise réussie . Les erreurs de documentation représentent la première cause de rejet des dossiers d’immatriculation, entraînant des retards coûteux et des complications administratives évitables. Cette réalité souligne l’importance cruciale d’une approche structurée dans la collecte et la préparation des documents requis.

Documents constitutifs obligatoires pour la rédaction des statuts EURL

Projet de statuts rédigé selon les dispositions du code de commerce

Les statuts constituent l’acte fondateur de votre EURL et définissent les règles de fonctionnement de votre société. Ce document juridique essentiel doit respecter scrupuleusement les dispositions légales du Code de commerce tout en s’adaptant aux spécificités de votre projet entrepreneurial. La rédaction des statuts nécessite une attention particulière aux mentions obligatoires : dénomination sociale, forme juridique, objet social précis, siège social, durée de la société fixée à 99 ans maximum, et montant du capital social.

L’associé unique dispose d’une liberté relative dans la rédaction des clauses statutaires, mais certaines dispositions restent impératives. Les modalités de gérance, les conditions de transmission des parts sociales, et les règles de prise de décision doivent être clairement établies. Une rédaction professionnelle des statuts préviendra de nombreux conflits futurs et facilitera l’évolution de votre structure . Il convient également d’anticiper les besoins futurs de l’entreprise, notamment la possibilité d’accueillir de nouveaux associés ou de modifier l’objet social.

Attestation de dépôt de capital social auprès de la caisse des dépôts

Le dépôt du capital social représente une étape cruciale de la constitution de votre EURL. Bien que le montant minimum requis soit symbolique (1 euro), il est recommandé de constituer un capital cohérent avec l’ampleur de votre projet et vos besoins de financement initial. L’attestation de dépôt doit être obtenue auprès d’un établissement habilité : banque commerciale, Caisse des Dépôts et Consignations, ou notaire.

Cette attestation certifie que les fonds ont été effectivement versés et bloqués jusqu’à l’immatriculation définitive de la société. Les établissements financiers exigent généralement un dossier complet incluant le projet de statuts, une pièce d’identité de l’associé unique, et un justificatif de domicile récent. Le choix de l’établissement dépositaire peut influencer la rapidité d’obtention de l’attestation et les conditions tarifaires appliquées .

Justificatifs d’identité et de domicile de l’associé unique

L’identification complète de l’associé unique constitue un prérequis indispensable à la constitution du dossier. Une copie recto-verso de la carte nationale d’identité ou du passeport en cours de validité doit être fournie, accompagnée d’une attestation certifiant la conformité à l’original. Pour les ressortissants étrangers, des documents spécifiques peuvent être exigés selon leur nationalité et leur statut de résidence en France.

Le justificatif de domicile personnel, daté de moins de trois mois, complète l’identification de l’associé unique. Facture d’électricité, de gaz, d’eau, ou attestation d’hébergement légalisée sont acceptés. Cette pièce revêt une importance particulière lorsque le siège social de l’EURL est domicilié au domicile personnel de l’entrepreneur. Les autorités de contrôle utilisent ces informations pour vérifier la cohérence géographique du projet et détecter d’éventuelles irrégularités.

Déclaration de non-condamnation et filiation du gérant

La déclaration de non-condamnation représente un document personnel que le gérant doit rédiger, dater et signer de sa main. Cette attestation sur l’honneur certifie l’absence de condamnations pénales incompatibles avec l’exercice d’une activité commerciale. Elle doit mentionner l’état civil complet du gérant, sa filiation (noms et prénoms des parents), et comporter la formule de déclaration réglementaire.

Cette déclaration engage la responsabilité pénale du signataire en cas de fausse déclaration . Les condamnations pour escroquerie, abus de confiance, banqueroute, ou tout crime constituent des obstacles à la gérance d’une société commerciale. L’administration peut procéder à des vérifications auprès des services judiciaires, rendant toute dissimulation particulièrement risquée et contre-productive.

Pièces justificatives du siège social et domiciliation EURL

Contrat de bail commercial ou quittance de loyer pour locaux professionnels

La location de locaux commerciaux spécifiquement destinés à l’activité de l’EURL nécessite la fourniture d’un contrat de bail commercial enregistré. Ce document doit clairement identifier les parties, décrire précisément les locaux loués, mentionner la destination commerciale autorisée, et stipuler les conditions financières. La durée minimale de neuf ans caractéristique du bail commercial offre une stabilité appréciable pour le développement de l’activité.

En complément du contrat de bail, une quittance de loyer récente ou un état des lieux d’entrée peuvent être exigés pour attester de la prise de possession effective des locaux. La cohérence entre l’objet social déclaré dans les statuts et la destination autorisée par le bail constitue un point de contrôle systématique des services d’immatriculation . Toute discordance peut entraîner un rejet du dossier ou une demande de modification des statuts.

L’adresse du siège social détermine la compétence territoriale du tribunal de commerce et influence directement les obligations fiscales et sociales de l’entreprise.

Justificatif de propriété immobilière ou attestation d’hébergement

Lorsque l’EURL est domiciliée dans un local appartenant à l’associé unique, un titre de propriété ou un acte notarié doit être fourni. Ce document établit de manière incontestable le droit d’occupation des locaux et garantit la pérennité de la domiciliation. L’extrait cadastral ou la taxe foncière peuvent compléter utilement ce justificatif, particulièrement lorsque la propriété est récente ou en cours de régularisation.

L’hébergement de l’EURL chez un tiers nécessite une procédure spécifique plus contraignante. L’hébergeant doit fournir une attestation manuscrite datée et signée, précisant les conditions de l’hébergement et sa durée. Cette attestation doit être accompagnée d’une copie de sa pièce d’identité et d’un justificatif de propriété ou de location du local d’hébergement. Cette solution peut se révéler précaire en cas de conflit avec l’hébergeant ou de changement de situation de ce dernier .

Autorisation de domiciliation auprès d’une société spécialisée

Le recours à une société de domiciliation commerciale offre une solution professionnelle et flexible pour les entrepreneurs ne disposant pas de locaux propres. Ces prestataires spécialisés proposent des services complets incluant la réception du courrier, la mise à disposition de salles de réunion, et parfois des services de secrétariat. Le contrat de domiciliation doit être établi pour une durée minimale et préciser les services inclus dans la prestation.

Les sociétés de domiciliation doivent être agréées par la préfecture et respecter des obligations strictes de contrôle de leurs clients. Elles constituent un gage de sérieux et de pérennité pour l’adresse du siège social de votre EURL. Le coût mensuel de cette prestation varie selon la localisation géographique et les services annexes proposés, mais représente généralement un investissement raisonnable pour projeter une image professionnelle.

Déclaration préfectorale pour activité réglementée en domicile personnel

Certaines activités professionnelles exercées au domicile personnel de l’entrepreneur nécessitent des autorisations spécifiques. La déclaration préfectorale concerne principalement les professions libérales, les activités artisanales susceptibles de générer des nuisances, ou les commerces recevant une clientèle. Cette procédure vise à vérifier la compatibilité de l’activité envisagée avec le caractère résidentiel du local et la réglementation d’urbanisme applicable.

L’absence de déclaration préalable pour une activité réglementée peut entraîner des sanctions administratives et remettre en question la validité de l’immatriculation . Les copropriétés peuvent également imposer des restrictions statutaires à l’exercice d’activités professionnelles, nécessitant parfois l’accord de l’assemblée générale des copropriétaires. Une vérification préalable de ces contraintes évite des complications juridiques ultérieures.

Formalités administratives auprès du centre de formalités des entreprises

Formulaire M0 SARL dûment complété et signé par le représentant légal

Le formulaire M0 SARL constitue la déclaration officielle de création de l’EURL auprès des administrations compétentes. Ce document normalisé centralise toutes les informations relatives à l’entreprise, son dirigeant, et ses activités. Chaque rubrique doit être renseignée avec précision : identification de la société, activités exercées avec leurs codes APE correspondants, options fiscales choisies, et informations sur le gérant.

La signature du formulaire M0 par le représentant légal engage la responsabilité de ce dernier sur l’exactitude des informations déclarées. Toute omission ou erreur peut entraîner des rectifications coûteuses et retarder significativement l’immatriculation . Les options fiscales cochées sur ce formulaire déterminent le régime d’imposition de l’EURL et ses obligations déclaratives futures, rendant cette étape particulièrement cruciale pour l’optimisation fiscale de l’entreprise.

Déclaration des bénéficiaires effectifs selon la loi sapin II

La loi Sapin II impose depuis 2017 une obligation de transparence sur l’identité des bénéficiaires effectifs des sociétés commerciales. Cette déclaration vise à identifier les personnes physiques qui détiennent directement ou indirectement plus de 25% du capital ou des droits de vote, ou qui exercent un contrôle effectif sur la société. Pour une EURL, l’associé unique constitue par définition le bénéficiaire effectif unique.

Cette déclaration doit être déposée simultanément avec le dossier d’immatriculation ou dans les quinze jours suivant celle-ci. Elle nécessite la fourniture d’informations détaillées sur l’identité du bénéficiaire effectif, sa date et son lieu de naissance, sa nationalité, et son adresse de résidence. Le non-respect de cette obligation expose l’entreprise à des sanctions pénales pouvant aller jusqu’à six mois d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende .

La transparence sur les bénéficiaires effectifs constitue un enjeu majeur de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme dans l’économie moderne.

Attestation de parution dans un journal d’annonces légales

La publicité légale de la création de l’EURL dans un journal d’annonces légales habilité constitue une formalité obligatoire de publicité. Cette annonce doit contenir des mentions précises définies par la réglementation : forme juridique, dénomination sociale, capital social, adresse du siège social, objet social résumé, durée de la société, identité du gérant, et tribunal compétent pour l’immatriculation.

Le coût de cette publication varie selon les départements et les supports choisis, oscillant généralement entre 120 et 200 euros hors taxes. Les journaux d’annonces légales numériques proposent souvent des tarifs plus avantageux que leurs homologues papier, sans compromettre la valeur juridique de la publication. L’attestation de parution délivrée par le journal constitue une pièce indispensable du dossier d’immatriculation, aucune dérogation n’étant possible à cette obligation.

Justificatifs spécifiques selon le code APE et l’activité exercée

Certaines activités professionnelles nécessitent des justificatifs spécifiques liés à leur caractère réglementé. Les professions artisanales exigent souvent un diplôme professionnel ou une attestation de qualification, tandis que les activités commerciales peuvent requérir des autorisations sectorielles. L’attribution du code APE par l’INSEE dépend directement de la description précise de l’activité principale dans l’objet social.

Les activités de services à la personne, de sécurité privée, ou de transport nécessitent des agréments préfectoraux préalables. L’obtention de ces autorisations peut prendre plusieurs semaines, il convient donc d’anticiper ces démarches bien en amont de la constitution du dossier d’immatriculation . Le défaut d’autorisation pour une activité réglementée constitue un motif de refus d’immatriculation et peut exposer l’entrepreneur à des sanctions pénales en cas d’exercice illégal de l’activité.

Documents complémentaires pour secteurs d’activité réglementés

Les secteurs d’activité réglementés imposent des contraintes documentaires supplémentaires qui varient selon la nature de la profession exercée. Les professions libérales réglementées nécessitent une inscription préalable auprès de leur ordre profession

nel et obtenir les autorisations nécessaires. Les professions médicales et paramédicales doivent justifier de leur inscription au conseil de l’ordre correspondant, accompagnée d’une attestation d’assurance responsabilité civile professionnelle. Les avocats, experts-comptables, et architectes suivent des procédures similaires auprès de leurs instances ordinales respectives.

Les activités de formation professionnelle nécessitent une déclaration d’activité auprès de la direction régionale du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle. Cette déclaration doit être effectuée dans les trois mois suivant la première prestation de formation et s’accompagne de justificatifs de compétence pédagogique. Le secteur de la sécurité privée impose des contraintes particulièrement strictes avec l’obtention préalable d’un agrément préfectoral et la justification d’un casier judiciaire vierge.

Les activités de transport de personnes ou de marchandises exigent des licences spécifiques délivrées par les directions régionales de l’environnement, de l’aménagement et du logement. Ces autorisations s’accompagnent de conditions d’honorabilité professionnelle, de capacité financière, et de compétence professionnelle attestées par des examens ou des formations certifiantes. L’absence de ces documents au moment de l’immatriculation rend impossible l’exercice légal de l’activité et expose l’entrepreneur à des sanctions pénales.

Coûts et délais de constitution administrative EURL

La création d’une EURL génère des coûts administratifs obligatoires qu’il convient d’anticiper dans le budget de lancement de l’entreprise. Les frais d’immatriculation au registre du commerce et des sociétés s’élèvent à 37,45 euros, auxquels s’ajoutent les frais de publication de l’annonce légale variant entre 138 et 193 euros selon les départements. La déclaration des bénéficiaires effectifs entraîne un coût supplémentaire de 21,41 euros depuis sa mise en place.

Les frais de constitution du capital social dépendent de l’établissement choisi pour le dépôt des fonds. Les banques traditionnelles facturent généralement entre 50 et 150 euros pour l’établissement de l’attestation de dépôt, tandis que certaines banques en ligne proposent cette prestation gratuitement. Le recours à un notaire pour le dépôt des fonds présente l’avantage d’une expertise juridique mais s’avère plus onéreux, avec des tarifs pouvant atteindre 300 euros.

Les délais d’immatriculation d’une EURL varient de 7 à 15 jours ouvrables selon la complétude du dossier et la période de dépôt, les fins d’année étant traditionnellement plus encombrées.

La domiciliation commerciale représente un coût récurrent à intégrer dans les charges d’exploitation de l’EURL. Les tarifs pratiqués s’échelonnent de 20 euros par mois pour une simple domiciliation postale à plus de 200 euros mensuels pour des prestations complètes incluant des espaces de travail partagés. Cette variabilité tarifaire reflète les différences de localisation géographique et de niveau de service proposé par les prestataires.

Les honoraires de conseil pour l’accompagnement à la création constituent une dépense optionnelle mais souvent judicieuse. Un expert-comptable facture généralement entre 800 et 1500 euros pour un accompagnement complet incluant la rédaction des statuts, les formalités administratives, et les premiers conseils de gestion. Cet investissement initial peut se révéler particulièrement rentable en évitant les erreurs coûteuses et en optimisant la structure juridique et fiscale de l’EURL.

Erreurs fréquentes dans la constitution du dossier CFE

L’analyse des rejets de dossiers d’immatriculation révèle des erreurs récurrentes qui peuvent être facilement évitées avec une préparation minutieuse. L’incohérence entre l’objet social déclaré dans les statuts et l’activité réellement exercée constitue la première cause de rejet. Cette discordance peut résulter d’une rédaction trop restrictive de l’objet social ou d’une méconnaissance des implications juridiques de certaines formulations.

Les erreurs de domiciliation représentent également une source fréquente de complications. L’utilisation d’une adresse personnelle sans vérification préalable des contraintes de copropriété ou de bail d’habitation peut entraîner des contestations ultérieures. La domiciliation chez un tiers sans attestation d’hébergement conforme ou avec des justificatifs de propriété obsolètes constitue un motif classique de rejet du dossier.

Les défauts de signature ou de datation des documents représentent des erreurs formelles aux conséquences importantes. La déclaration de non-condamnation doit impérativement être manuscrite, datée et signée par le gérant lui-même. Les statuts doivent porter la signature de l’associé unique avec mention de « lu et approuvé, bon pour acceptation des statuts ». Ces exigences formelles, bien qu’apparemment mineures, conditionnent la validité juridique du dossier.

L’omission de la déclaration des bénéficiaires effectifs constitue une erreur grave depuis l’entrée en vigueur de la loi Sapin II. Cette déclaration doit être déposée simultanément avec le dossier d’immatriculation sous peine de sanctions pénales. Les entrepreneurs négligent parfois cette obligation, considérant qu’elle ne s’applique pas aux structures unipersonnelles, ce qui constitue une interprétation erronée de la réglementation.

La sous-estimation des délais d’obtention des documents constitue une erreur de planification fréquente. L’attestation de dépôt de capital peut nécessiter plusieurs jours d’instruction par l’établissement bancaire, particulièrement lors des périodes de forte activité. Les autorisations préfectorales pour les activités réglementées peuvent exiger plusieurs semaines d’instruction, rendant indispensable une anticipation suffisante de ces démarches. Une planification rigoureuse des étapes de constitution évite les retards coûteux et les complications administratives de dernière minute.

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